Proxinvest a assisté à l’assemblée générale mixte de Danone du 28 avril 2016 et vous présente son compte-rendu.

Lors de cette assemblée générale de 2016, beaucoup de questions ont porté sur des sujets sociétaux (cf. notre compte-rendu de la séance des questions et réponses ci-dessous):

  • l’huile de palme
  • le prix d’achat viable pour les producteurs de lait
  • la réduction de personnel
  • le partenariat Climat avec Veolia

Nous notons une amélioration de la transparence et des pratiques de rémunérations. Danone a bien réagi face à la contestation du Say on Pay de Franck Riboud lors de l’assemblée générale de 2015, qui avait recueilli seulement 53% d’approbation (qui aurait d’ailleurs été le premier rejet de say On Pay en France sans le droit de vote double et la limitation de droits de vote statutaire). Cette année, la communication de la société s’est grandement améliorée, permettant de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents du variable annuel. D’ailleurs, le Say on Pay d’Emmanuel Faber, pour lequel Proxinvest recommandait l’approbation, a enregistré un score élevé d’approbation de 97,15%. Le Say on Pay du Président du conseil d’administration  Franck Riboud, bien que moins largement approuvé, a enregistré un score de 94,42%.

Parmi les résolutions les plus contestées, on remarque les engagements postérieurs à l’emploi (« engagements réglementés »). L’indemnité de départ pris par la société au bénéfice d’Emmanuel Faber n’a été approuvée qu’à hauteur de 86,21%. Proxinvest recommandait l’opposition considérant qu’une indemnité de départ ne doit pas excéder un montant équivalent à un an de rémunération salariale et ne doit être versée qu’en seul cas de changement du contrôle.

Le régime de retraite à prestation définie accordé à Emmanuel Faber  a été approuvé à 92,75%. Proxinvest recommandait l’opposition pour les raisons suivantes : Bien que la société précise que le régime de retraite supplémentaire a été clos en 2003, les bénéficiaires dudit régime bénéficient toujours de l’évolution de la rente année après année, celle-ci étant indexée sur des rémunérations annuelles globalement croissantes. Proxinvest estime que les dirigeants devraient agir en conformité avec le Code Afep-Medef en mettant fin à leur contrat de travail avec la société, de façon à geler leur régime de retraite supplémentaire, l’externaliser via un contrat d’assurance vie, par exemple, et épargner leur retraite par eux-mêmes.

 L’attribution d’actions gratuites a été la résolution la plus contestée de cette assemblée générale, avec seulement 84,82% d’approbation. Proxinvest recommandait l’approbation, considérant que bien que le plafond de 0,03% du capital puisse en théorie faire bénéficier à M. Faber d’un avantage trop généreux, la pratique de la société en la matière semblait plutôt raisonnable. Ainsi, au regard d’un montant d’autorisation respectant notre plafond, de conditions de performance annoncées et présentées, permettant ainsi à l’actionnaire d’estimer leur exigence, et d’un plafond pour les dirigeants acceptable, nous recommandions l’approbation.

 Alors que le commissaire aux comptes Ernst & Young était renouvelé à 99,16%, son confrère PricewaterhouseCoopers Audit n’obtenait que 92,79%, un faible score pour ce type de résolution généralement unanimement approuvé. Proxinvest s’opposait à cette résolution, considérant que bien que la société fournissait assez d’explications quant aux montants versés à titre d’honoraires accessoires ou de conseil, l’ancienneté du commissaire aux comptes excédait notre limite de 3 mandats consécutifs. La rotation des cabinets reste en effet un sujet d’importance pour garantir un regard nouveau sur les méthodes comptables.

A la question de savoir pourquoi Danone ne propose pas de paiement du dividende en actions, le Directeur général Emmanuel Faber répond que cela vise à éviter l’effet dilutif pour les actionnaires, rejoignant ici les inquiétudes  de Proxinvest dans d’autres sociétés.

A noter le faible taux de participation de 54,53% qui traduit malgré tout une légère augmentation. En effet, lors de l’assemblée générale de 2015 il n‘était que de 52,51%.

Vous trouverez ci-dessous l’ensemble du compte-rendu de l’assemblée générale mixte de Danone :

 

 Taux de participation en action : 54,53%

Nombre d’actionnaires présents dans la salle : environ 600

Contexte stratégique, points sur lesquels le Directeur général et le Président du Conseil d’administration ont insisté :

Franck Riboud, ancien PDG et actuel Président du Conseil d’administration, se félicite du changement de direction qui a eu lieu au sein du groupe le 1er octobre 2014.

Il déclare qu’une transition managériale est toujours un moment délicat pour une société, mais que l’ensemble des administrateurs était convaincu que ce changement devait donner un élan nouveau au groupe. L’année 2015 a « totalement confirmé ce choix ».

Selon lui, le management de cette entreprise est entre d’excellentes mains, Emmanuel Faber a fait d’excellentes performances. Grâce à lui le groupe a fait progresser sa rentabilité.

Cette focalisation sur les résultats à court terme ne s’est pas fait au détriment de la construction du futur. Il y a un énorme travail de fond pour préparer l’entreprise de demain, la rendre plus solide face à la montée de certains risques.

Des progrès considérables ont été faits en 2015, Franck Riboud décide de prendre trois exemples pour l’illustrer :

  • La conformité, la compliance. « Nous vivons dans un monde de plus en plus régulé par toute sorte de codes de bonne conduite, de standards de comportement fixé par des parties prenantes ». Tout cela créé un environnement très complexe, surtout pour des entreprises présentes dans plusieurs dizaines de pays. Quelques grands scandales récents ont mis à mal l’image et la performance de certaines entreprises. « Nous avons créé un secrétariat général dédié à la conformité pour prévenir et gérer efficacement les risques ».
  • Les synergies entre les différentes filiales du groupe avec le projet « One Danone ». Le but est de supprimer des doublons qui existent au sein du groupe. Ce projet est destiné à simplifier la chaîne de décision en réunissant l’opérationnel et le financier.
  • La connexion de l’entreprise avec les grands enjeux de société qui la concerne directement. Il affirme que produire de la nourriture et des boissons n’est pas anodin, « nous avons une responsabilité particulière. Nous avons une influence sur la santé de la population et sur les pratiques agricoles. Nous ne pouvons pas avoir une approche purement opportuniste de notre métier ».

Pour conclure, Franck Riboud déclare que « le présent est piloté avec un engagement extrême et dans le même temps le futur se construit avec énergie et enthousiasme ».

 

C’est ensuite qu’est intervenu Emmanuel Faber, Directeur général du groupe. Il a tenu à parler des atouts de l’entreprise :

1- Danone a une mission : apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre

2- Danone a des métiers à forts potentiels

3- Danone a une ambition : un plan de transformation de l’entreprise sur 5 ans avec le projet « Danone 2020 ».

1- La mission de Danone est « d’apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre et elle ne changera pas car nous pensons qu’elle est parfaitement adaptée, plus que jamais, aux évolutions et révolutions de l’alimentation d’aujourd’hui » : une population croissante, une classe moyenne et une urbanisation grandissantes, et une population vieillissante.

2- Les métiers de Danone : Emmanuel Faber affirme que chacun des quatre métiers du groupe est un atout en ce qu’il contribue à la mission de Danone, « à l‘équation économique de croissance forte, rentable et durable ». Les quatre métiers de Danone sont les suivants :

  • La vente de produits laitiers frais, qui est en constante augmentation,
  • Les eaux : Danone est le numéro un mondial en innovation dans ce domaine.
  • La nutrition infantile : l’évolution des modes de vie, les problématiques environnementales, font qu’il y a aujourd’hui une incidence croissante de problématiques spécifiques qui nécessitent d’aider les mères à protéger leurs enfants. Danone a une gamme de produit qui couvre la grossesse, la lactation, et les six premiers mois de l’enfant.
  • La nutrition médicale : qui a un potentiel évident selon le Directeur général. « La malnutrition est liée à la maladie, investir dans la nutrition effective des patients hospitalisés c’est servir la cause publique. » Cette division de nutrition médicale « sert pleinement la mission de Danone avec un potentiel lié aux évolutions démographiques, à l’allongement de la vie ».

Enfin, l’Afrique est un continent stratégique pour le groupe. Emmanuel Faber affirme que Danone s’y installe, avec des perspectives de croissance. « Nous nous y enracinons de façon profonde car nous voulons contribuer à la transformation de l’Afrique et que l’Afrique travaille à la transformation de Danone ».

« Notre ambition est d’élargir notre vision sur les pratiques alimentaires , et de poser une politique climat unique de rupture qui nous amène en tant qu’entreprise a devancer même l’appel des Nations Unies en atteignant un objectif de zéro net carbone en 2050 ». Le groupe met en place une agriculture durable comme levier pour atteindre cet objectif.

3- L’ambition de Danone: mieux travailler ensemble et contribuer au progrès social. Emmanuel Faber relate la signature du dixième accord avec le syndicat mondial de l’agroalimentaire l’UITA, ou encore d’un partenariat avec l’organisme « B corporation » qui certifie que la société a intégré des enjeux sociaux et environnementaux au cœur de sa stratégie.

Questions :

Questions écrites :

Question posée par M. Sébastien GROYER, Equinomy :

La composition actuelle de votre Conseil d’Administration reflète la mise en pratique du contrôle direct des dirigeants selon la théorie de l’agence, avec des administrateurs indépendants et des administrateurs nommés par les actionnaires majeurs. Vous avez réussi à intégrer également deux représentants de salariés, ce que je trouve tout à fait positif. Il manque cependant encore une voix, celle des clients, dans votre conseil. L’absence de représentation des clients au sein du Conseil est-elle voulue ? La poursuite de l’intérêt social de l’entreprise, objectif du Conseil ne peut pas à mon sens se passer de la représentation directe des clients. Pourquoi cette représentation octroyée aux actionnaires et maintenant aux salariés ne serait-elle pas fournie également aux clients ?

Réponse :

Aucun des administrateurs de Danone ne représente ni n’est nommé par un actionnaire de la société.

La nomination de deux administrateurs représentants les salariés est une obligation légale en France depuis 2014.

En ce qui concerne l’intégration de représentants des clients de Danone, la réponse dépend de la définition donnée au mot client.

Les clients directs, ceux à qui Danone livre et facture ses produits, sont pour l’essentiel de grandes enseignes de distribution internationales dont la présence au Conseil d’Administration créerait une situation de conflit d’intérêt évidente.

En ce qui concerne les consommateurs finaux des produits (les clients des clients de Danone), leurs préoccupations sont au coeur des décisions quotidiennes de la direction de la société. A l’instar des principales entreprises du secteur de la grande consommation, Danone investit chaque année fortement en études précises et fréquentes afin d’écouter ses consommateurs et de comprendre leurs attentes et aspirations. Leur avis est ainsi pris totalement en compte à toutes les étapes clefs de développement des produits, des gammes et plus largement des décisions et des stratégies car le succès de Danone dépend naturellement et avant tout de sa capacité à répondre de manière pertinente à leurs désirs. Leur voix est donc entendue à tous les niveaux de l’entreprise, y compris au Conseil d’Administration, dont les membres sont par ailleurs tous des consommateurs avertis et exigeants des marques de Danone.

Question posée par IPAC (Initiative pour un Actionnariat Citoyen) :

Pourriez-vous nous décrire la politique de votre Groupe en matière de lobbying et de financement des organisations politiques ?

Réponse :

Le lobbying :

Danone considère qu’il est important de pouvoir exprimer et essayer de faire valoir de façon raisonnable son avis sur des décisions susceptibles d’avoir un impact sur ses activités. Danone considère également que les gouvernements et le législateur doivent pouvoir avoir accès aux points de vue des différentes parties-prenantes d’un sujet et que le lobbying peut permettre cet accès.

Dans les pays où les activités de lobbying sont réglementées par la loi ou par des codes de « bonnes pratiques », il va de soi que Danone s’y conforme.

Dans les autres pays, les employés de Danone sont au minimum tenus de respecter la charte établie par Danone en la matière. Cette charte prévoit notamment que les employés qui sont concernés par les activités de lobbying, notamment ceux jouant un rôle au sein d’une association professionnelle, peuvent exprimer leur opposition à toute position potentiellement préjudiciable aux intérêts de Danone ou de ses clients mais ne peuvent le faire qu’en communiquant des informations correctes, précises, et présentées de façon à ne pas induire en erreur. Ils doivent agir à tout moment de façon honnête et respectable, et, lorsqu’ils agissent au sein d’un groupement ad hoc d’entreprises, ils doivent s’assurer que ces organisations opèrent en toute transparence et se conforment aux lois et réglementations en vigueur.

Le financement des organisations politiques :

La politique de Danone est de ne pas participer au financement des organisations politiques.

Questions orales :

La progression du chiffre d’affaires est relativement faible, la raison est le recul des produits laitiers frais en particulier en Europe. Vous comptez donc porter tous vos efforts sur l’Afrique. Quels en sont les risques ?

Emmanuel Faber :

Votre question rejoint une question écrite qui nous demande « quel est le rôle des partenariats ». Je fais le lien entre ces deux questions car le rôle des partenariats pour nous est de trouver un moyen terme entre les opportunités et les risques. Lorsqu’on s’adosse au Kenya à une entreprise qui a déjà 35% de parts de marché dans les produits laitiers, qui a déjà une filière de production de lait avec 150 000 petits fermiers dans la vallée du Rift, on achète du temps et une histoire établie que nous pouvons continuer à accompagner. Donc le rôle des partenariats est de nous imprégner de la réalité locale, plutôt que d’arriver avec notre vision des choses. Aucun de nos partenariats n’est identique, qu’il ait historiquement bien ou mal fonctionné. Il est question de la culture relative des entreprises, des personnes, des organisations et des projets que l’on met en œuvre. De ce point de vue-là l’Afrique n’est pas du tout une exception. En Afrique, nous allons continuer à avoir de la croissance organique, des acquisitions et des partenariats, comme nous l’avons fait en Asie il y a 15 ans.

Vous avez un gearing qui a été abaissé de 66% en 2014  à 62% en 2015, mais c’est encore élevé. Est-ce que vous prévoyez de poursuivre le désendettement ?

Cécile Cabanis (Directrice générale finances) :

Je voudrais d’abord rappeler que dans l’équation que nous nous sommes fixé de 2020 ce n’est pas seulement un agenda de croissance rentable, c’est un agenda de croissance rentable qui doit se traduire par une amélioration régulière du bénéfice net et de la trésorerie. Vous avez raison, la trésorerie est un élément essentiel. Aujourd’hui nous avons un niveau de dette qui est un peu plus de deux fois l’EBITDA, qui nous donne des notations de A- chez Standard & Poor’s et BA1 chez Moody’s, qui nous donne la flexibilité nécessaire aujourd’hui pour aller se diversifier en terme de financement et de poursuivre notre agenda. Un des éléments importants au niveau de la trésorerie c’est que les produits frais sont un métier extrêmement efficace en conversion de trésorerie, et ces derniers temps les produits laitiers ont été ralentis. Donc la ré-accélération des produits laitiers frais va totalement participer à cette augmentation de la trésorerie. Soyez sûr que c’est une priorité de notre agenda.

La part des actionnaires individuels dans le capital est de 11%. Je pense que nous méritons d’avoir une part beaucoup plus importante dans le capital. Quels efforts comptez-vous faire pour attirer d’autres actionnaires et les fidéliser ? (Applaudissements).

Laurent Sacchi (Secrétaire du Conseil d’administration) :

Nous travaillons pour fidéliser les actionnaires individuels et notamment les actionnaires au nominatif en leur octroyant un droit de vote double au bout de seulement deux ans d’inscription au nominatif. Nous offrons aussi la gratuité des frais de garde à nos actionnaires inscrits au nominatif pur. La meilleure façon de continuer à récompenser nos actionnaires fidèles est de continuer à travailler en leur versant un dividende dont le montant par action n’a jamais baissé depuis plus de 25 ans,  et qui est en augmentation cette année encore. Les sociétés au sein du CAC40 ayant un tel record se comptent je pense sur les doigts d’une main voire d’une demi main.

Que pouvez-vous nous dire sur l’alliance avec Veolia ?

Emmanuel Faber :

Nous l’avons annoncé dans le cadre de la Cop 21 en décembre. Cette alliance est tout à fait particulière pour nous car elle va combiner les savoir-faire de Veolia et les nôtres essentiellement pour travailler sur des sujets d’efficacité d’utilisation de nos matières premières, de ressources naturelles. Cela permettra d’atteindre pour Veolia et pour Danone des objectifs qui sont liés à notre politique climat, à notre politique de ressource naturelle, à notre politique d’achat et d’efficacité. Cela va se traduire par une collaboration dans le domaine de l’agriculture durable telle que la méthanisation par exemple, le recyclage des unités de production de plastique, et un certain nombre d’autres domaines. Par exemple Veolia a des pratiques qui nous intéressent beaucoup dans la gestion des flux d’eau dans les usines. Nous avons le projet d’aboutir à une usine qui n’aurait plus de déchets hydriques. L’ensemble de l’eau traitée et utilisée dans l’usine aurait une deuxième vie au travers des technologies déployées avec Veolia.

Nous sommes à la croisée du double projet, à la fois avec une vision sociétale environnementale et sociale, et une vision d’efficacité économique.

La deuxième raison qui en fait une alliance tout à fait particulière c’est que nous allons partager cette valeur. Nous ne nous sommes pas dit qu’il y avait d’un côté un fournisseur et de l’autre un client. Se sont vraiment deux partenaires, nous partagerons les bénéfices communs sociaux et sociéto-économiques de cette alliance.

Vous utilisez 35 000 tonnes d’huile de palme, allez-vous diminuer cette utilisation dans les années à venir ?

Emmanuel Faber :

Danone est en réalité un petit acheteur d’huile de palme. L’essentiel de l’huile de palme que nous utilisons intervient dans la formation de certains produits d‘alimentation infantile. L’utilisation de cette huile est absolument nécessaire compte tenu de ses particularités, notamment en termes d’oligo-éléments. En effet, la composition du lait infantile en substitut de l’allaitement maternel doit être aussi proche que possible du lait de l’allaitement maternel. Il n’y a pas de solution aujourd’hui qui permettent techniquement et en grand volume de se passer complètement de l’huile de palme.

Cela ne nous dédouane pas d’inclure cette question dans la stratégie de durabilité environnementale et de protection naturelle du groupe. Nous faisons partie de l’organisme qui travaille à la régularisation de l’utilisation de cette huile, le RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). Autour de la table sont assis des utilisateurs beaucoup plus importants que nous. Nous travaillons également en Indonésie où nous avons une présence forte, à chercher à aller au-delà même des moulins qui fournissent cette huile aux fabriquant que nous sommes, vers les exploitations. C’est un travail qui nécessite une approche directe des agriculteurs. Nous travaillons notamment avec le fonds Ecosysteme sur des solutions éventuelles qui permettraient demain d’avoir une traçabilité qui remonte jusque-là.

Danone est engagé dans une démarche d’utilisation durable et responsable de l’huile de palme.

Quelle est votre politique vis-à-vis du monde paysan qui est en crise, particulièrement dans la filière du lait ?

Emmanuel Faber :

Le lait a connu une volatilité extrêmement forte depuis 10 ans. Nous n’avons plus du tout de corrélation forte aujourd’hui entre les différentes régions dans lesquelles nous intervenons en terme de prix du lait. Cette année nous allons sans doute avoir une déflation encore légère en Amérique du Nord et en Europe. Au contraire en Russie nous sommes encore sur des chiffres d’inflation très importants, en Amérique latine aussi.

Nous voyons que chaque zone géographique à une réalité qui s’inscrit dans des cycles qui sont différents.

En ce qui concerne l’Europe, nous pensons que les prix vont remonter probablement l’année prochaine. Nous nous y préparons, c’est notre hypothèse principale. Nous considérons que les prix qui sont désormais atteints en France et ailleurs sont à la limite de ce qui est raisonnable à moyen et long terme pour les exploitants agricoles. C’est la raison pour laquelle nous avons depuis plusieurs années travaillé ici en France avec nos organisations de producteurs en six bassins de collecte, mais aussi en Allemagne et dans d’autres pays, à trouver des schémas contractuels qui les protège de la volatilité et nous protège à l’inverse lorsque les prix remontent à toute vitesse et que nous ne sommes plus capable de transmettre cela aux consommateur. Cela a un impact sur nos volumes. C’est aussi une garantie de volume pour eux. Nous avons décidé d’accélérer ces discussions au mois d’octobre de l’année dernière en France, ce qui nous a menés de façon unilatérale à proposer et à signer avec cinq des six organisations de  producteurs français que nous avons, un accord où nous rehaussons le prix du lait de 5 centimes. Cela va procurer à chacun plusieurs milliers d’euros de revenus additionnels pour chacun de ces éleveurs en 2016. Cet accord s’inscrit dans une disposition contractuelle dans laquelle nous achetons à prix coutant plus une marge qui est définie contractuellement avec les opérateurs, en échange de quoi nos exploitant agricoles s’engagent à travailler avec nous sur des gains de productivité et d’efficacité qui permettront de maintenir leur exploitation de façon performante à moyen terme. Cela permet pour Danone de continuer à avoir une source de matière efficace et compétitive.

L’année dernière vous avez licencié de nombreuses personnes,  quelle est votre politique en ce qui concerne l’emploi ?

Emmanuel Faber :

Tout ce que je peux vous dire c’est que Danone n’a malheureusement jamais garanti l’emploi. Nous sommes dans un monde dans lequel il est impératif que nous travaillions sur l’efficacité de nos organisations. En revanche, ce que Danone garantit c’est la qualité de l’emploi, et lorsqu’il n’y a plus d’emploi, la façon dont chaque personne est accompagnée dans ce projet que bien souvent elle n’a pas choisie elle-même.

Vous parliez de la situation du chômage en France, nos deux derniers plans de réorganisation ont été des plans qui ont porté sur la base du volontariat. Cela est assez complexe à mettre en œuvre mais cela permet à chacun de s’exprimer et de choisir la façon dont il souhaite ou pas être associé à ces plans de départs.

Pourquoi ne proposez-vous pas un paiement du dividende en actions ?

Cécile Cabanis :

Historiquement, Danone a toujours privilégié le paiement du dividende en numéraire lorsque les conditions étaient réunies.

Il est vrai qu’en 2014 et 2015, pour renforcer les fonds propres et pour préserver les ressources en trésorerie, il y a eu une proposition d’option de paiement en actions. Nous essayons de veiller au fait de ne pas créer de dilution pour nos actionnaires. C’est pour cela que le Conseil a proposé cette année le paiement en numéraire.

Qu’est-il advenu du jugement avec votre fournisseur Néo-Zélandais de lait pour la Chine ?

Emmanuel Faber :

Les procédures concernant Fonterra sont en cours. Il y a eu des étapes. A la fin de l’année il y a eu une première étape et une autre étape en février. Il y aura une autre étape probablement d’ici la fin de cette année. Nous estimons que Fonterra a été de mauvaise foi dans sa relation avec nous. Pendant toute la période de notre partenariat, Fonterra nous a caché la réalité sur ce qui se passait, a cherché à ce que nous ne soyons pas informés. Nous avons appris en même temps que vous par la presse le problème de l’erreur d’analyse qu’ils avaient faite et en amont de cela les problématiques de food safety que cette erreur révélait en réalité. Je pense que le sujet est totalement décalé, nous verrons jusqu’où ces procédures en cours nous donneront raison.

En Europe et en France notamment, vous avez essayé de réduire à huit le nombre de marques de produits laitiers frais. Cela n’est-il pas favorable pour vos concurrents ?

Emmanuel Faber :

La France est un marché mûr, avec 37 kilos de consommation de yaourt par an et par habitant. C’est un marché dans lequel la principale question pour nous est celle des moyens que nous pouvons donner à nos différentes marques. Nous avons aujourd’hui une gamme pour laquelle, dans les conditions actuelles d’exercice de notre métier de capitaine de cette catégorie en France, nous n’avons pas les moyens de la soutenir suffisamment en termes d’innovation, d’activation toute l’année pour qu’elle anime le rayon et fassent redémarrer la catégorie en France. Le marché est négatif en France, malgré en effet l’apparition de tout un tas de petites marques que certains peuvent trouver sympathiques, qui occupent le rayon mais ne font pas grandir la consommation au total. Nous avons donc pris la décision de nous focaliser sur un certain nombre de grandes marques pour pouvoir leur redonner ces moyens. C’est ce qui se passe avec Actimel dont on verra les résultats en France dès le deuxième trimestre compte tenu du relancement, c’est ce que nous verrons avec Activia au troisième trimestre et c’est ce que nous voyons déjà avec Danonino par exemple.

Utilisez-vous les polymères naturels dérivés de l’amidon de maïs ?

Emmanuel Faber :

En effet les polymères issus de la polymérisation de l’amidon est une solution que nous estimons intéressante pour le futur. Nous l’avons testé pour la première fois au Bengladesh il y a 10 ans. Nous l’avons ensuite testé dans d’autres marchés et à la prochaine assemblée générale nous devrions être en mesure de partager avec vous des projets de lancement à la fois concrets et à grande échelle dans ce domaine.

Vous avez évoqué la volatilité des matières premières, il y a également une volatilité très importante sur des devises notamment l’euro par rapport au dollar ou aux autres devises. Quel va être l’impact au niveau du résultat opérationnel du groupe pour 2016 ?

Cécile Cabanis :

Vous avez raison de souligner la volatilité. L’année dernière nous avions des impacts positifs. Si l’on projette les taux actuels nous estimons que nous aurons un impact sur le chiffre d’affaires négatif d’environ 6%. En revanche, du fait du mix de nos géographies et de nos taux de marge, nous ne devrions pas avoir d’impact négatif sur la marge opérationnelle.

Il y a une très forte pression sur les marges en France de par les centrales d’achat. Vous qui avez une vision internationale, y a-t’ il une différence de marge importante entre les marges du groupes réalisées en France et celles réalisées à l’étranger ?

Emmanuel Faber :

Cette année n’a pas été une exception à la tradition des pratiques de négociation, elles sont bouclées depuis fin février. Nous sommes donc focalisés sur la suite. La France reste particulièrement marquée par la concentration de la grande distribution, il y a très peu de pays dans lesquels quatre grandes centrales représentent 90% du chiffre d’affaires des entreprises de l’agroalimentaire.

De plus, le plus petit dénominateur commun du modèle concurrentiel de la grande distribution est la concurrence sur les prix. Je le partage publiquement ici car je l’ai dit publiquement dans d’autres entretiens : nous pensons que cette déflation est suicidaire. Elle posera un jour dans les filières, et elle pose déjà aujourd’hui, des questions non pas de « pouvoir d’achat » mais de « pouvoir d’acheter ». Il ne s’agit pas d’opposer la grande distribution aux fabricants, mais de réfléchir ensemble à la façon dont on peut construire de la valeur autrement que par des propositions aux consommateurs qui passent systématiquement par la baisse des prix. Ce sont deux particularités avec lesquelles nous devons vivre et avec lesquelles nous vivons depuis très longtemps en France, et c’est 8% de notre chiffre d’affaires.

Résultat des votes :

1/ Approbation des comptes sociaux connaissance prise du rapport de gestion, du rapport du conseil et du rapport des commissaires aux comptes : les comptes présentent un résultat social de 2 216 728 878 € pour l’exercice. 99,57%

2/ Approbation des comptes consolidés. 99.46%

3/ Affectation du résultat : dividende de 1,60 € par action. Mise en paiement le 9 mai 2016. 99.73%

4/ Renouvellement du mandat M. Franck Riboud comme administrateur pour une durée de 3 ans. 98.03%

5/ Renouvellement du mandat de M. Emmanuel Faber comme administrateur pour une durée de 3 ans. 98.81%

6/ Nomination de Mme Clara Gaymard comme administrateur pour une durée de 3 ans. 98.99%

7/ Renouvellement du mandat de commissaire aux comptes titulaire de PricewaterhouseCoopers Audit pour une durée de 6 ans. 92.79%

8/ Nomination en qualité de commissaire aux comptes titulaire Ernst & Young Audit pour une durée de 6 ans. 99.16%

9/ Nomination de M. Jean-Christophe Georghiou en qualité de commissaire aux comptes suppléant pour une durée de 6 ans. 96.03%

10/ Renouvellement d’Auditex en qualité de commissaire aux comptes suppléant pour une durée de 6 ans. 98.40%

11/ Approbation d’une convention conclue avec la Société d’Investissements à Capital Variable danone communities. 97.56%

12/ Approbation d’engagements postérieurs à l’emploi (indemnité de départ) pris par la société au bénéfice de M. Emmanuel Faber. 86.21%

13/ Approbation d’engagements réglementés correspondant à un régime de retraite à prestation définie accordés à M. Emmanuel Faber. 92.75%

14/ Avis consultatif sur la rémunération individuelle de Franck Riboud, Président du conseil d’administration. 94.42%

15/ Avis consultatif sur la rémunération individuelle d’Emmanuel Faber, Directeur Général. 97.15%

16/ Autorisation d’acquisition et de vente par la société de ses propres actions à hauteur de 10% du capital. Prix d’achat maximum : 75 €. Rachat exclu en période d’offre. Durée de l’autorisation : 18 mois. 99.67%

17/ Attribution d’actions gratuites pour les salariés et mandataires sociaux dirigeants : autorisation portant sur 0,2% du capital social. Durée de l’autorisation : 8 mois. 84.82%

18/ Pouvoirs pour les formalités liées à l’assemblée (dépôts, publicité…). 98.65%

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