En octobre 1997, l’Etat français introduisait un peu plus de 20% du capital de France Telecom (devenu Orange SA) en bourse à un prix de 27,7€ pour les particuliers et 28,5€ par action pour les professionnels. Au fil des années l’Etat se sera désengagé capitalistiquement tout en soutenant l’internationalisation malheureuse par endettement, la vente de licences à des prix élevés, une politique de dividende élevée et une ouverture continue de la concurrence. Dix-huit plus tard le cours végète à 15,70€ au 3 décembre 2015 et le retour sur investissement sur la période est même négatif pour les salariés qui avaient été massivement encouragés à souscrire et avaient bénéficié de décote.

Malgré son désengagement progressif et ces déboires, l’Etat restait toutefois convaincu qu’il était un actionnaire meilleur que les autres et milita contre les autres actionnaires afin d’imposer son obtention d’un droit de vote double aux assemblées générales d’Orange. Bien que désormais minoritaire au capital, il réussit à convaincre le Président Directeur Général de ne pas soutenir la résolution de maintien d’une voix par action proposée par l’investisseur responsable Phitrust Active Investors avec l’aide de nombreux investisseurs, posant le problème du respect de l’intérêt et de l’égalité de traitement de tous les actionnaires dans les anciennes entreprises publiques.

Le parcours boursier chaotique illustre les problèmes de gouvernance dont souffre l’opérateur Télécom et l’AGEFI nous informe qu’Orange « renforce sa gouvernance » avec la nomination de deux nouveautés Directeurs Généraux Délégués (Ramon Fernandez et Pierre Louette) en sus de Gervais Pellissier. Orange aura donc désormais quatre mandataires sociaux dirigeants et on peut se demander si le groupe n’a pas intérêt à changer radicalement son mode de gouvernance face à un modèle de conseil d’administration à PDG qui n’aura pas démontré ces vertus sur ces 18 années de cotation.. Le secteur télécom observe par ailleurs  jour après jour les risques sous-jacents à une concentration excessive des pouvoirs à travers l’exemple d’Altice.

Pourquoi ne pas alors adopter chez Orange une structure de gouvernance plus claire, la structure duale où les fonctions de direction sont confiés à un Directoire (composé des quatre dirigeants et présidé par Stéphane Richard), celui-ci étant supervisé par un conseil de surveillance comprenant les représentants des actionnaires et salariés. Pourquoi ne pas confier par ailleurs la présidence de ce conseil de surveillance à une personnalité indépendante, libre de conflits d’intérêts potentiels vis à vis du management ou de l’Etat? Des pistes de réflexion qui méritent d’être poursuivies par le conseil d’Orange pour ne pas répéter les erreurs passées et attendre trop longtemps le retour du cours au niveau du prix d’introduction de 1997…

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