La formidable secousse créée par le scandale des véhicules Volkswagen truqués   (voir en bas de page nos dernières nouvelles sur la nature de la fraude Adblue) répond de la médiocrité de la gouvernance de ce groupe fondé sur une sorte de droit de vote double, régime inégalitaire toléré par ses actionnaires. Rappelons que Porsche Automobil Holding détient la majorité des droits de vote pour un investissement de seulement 31.5% du capital.   

C’est cette anomalie qui a permis le règne de vingt ans sans partage de l’autocrate Ferdinand Piëch, remplacé sous la pression du land de Basse Saxe qui détient 20% du groupe, par ce même Martin Winterkorn qui se trouve aujourd’hui démis par un scandale qui a pris une ampleur mondiale… On verra plus bas la reconnaissance des faits par le conseil de surveillance, plutôt remarquable. Le dossier de la société et de ses administrateurs n’est pas grandi par la rémunération historiquement élevée dudit Martin Winterkorn, certes présumé innocent: au total de 16 millions d’euros l’an passé, la référence de notre Carlos Ghosn qui tentait de l’égaler, il entend ajouter le bénéfice d’une retraite pour laquelle le groupe a réservé 28,5 millions d’euros,  et le bénéfice si, il se révélait innocent, d’une indemnité de rupture d’une vingtaine de millions en sus.

Notre partenaire de l’ECGS DSW avait dénoncé cette situation bien avant l’annonce de l’escroquerie généralisée. Sa recommandation actuelle devant le scandale de la rémunération indue est que le conseil de surveillance engage des poursuite en dommage intérêts  au civil contre des dirigeants négligents sinon complices. On notera que la société est selon le SüdDeutscheZeitung assurée à hauteur de 500 millions d’euros pour protéger les dirigeants des conséquences de leurs propres erreurs…

La convocation d’une assemblée générale extraordinaire pour  le 9 novembre promet d’être chaude alors que le Conseil de Surveillance propose de nommer le doux Autrichien Hans-Dieter Pötsch comme nouveau Président du Conseil de Surveillance. Or Pötsch, Directeur financier maison « Finance and Controlling  » depuis douze ans et ainsi membre du Vorstand (Directoire) en charge de la Finance et du Contrôle, passera ainsi d’un bureau à l’autre.

Mais cette proposition devient à la réflexion indéfendable : comment une personne qui fut solidairement associée à de tels actes, et à tout le moins suspecte de négligence ou de complicité, pourrait-elle décemment présider à cette enquête   ?

 

Aussi remarquable que soit sa compétence financière, comment peut-on lui confier la supervision de cette reconstruction ?

 

30 septembre 2015

Commentaire du Conseil de Surveillance de  Volkswagen AG

Statement by the Supervisory Board of Volkswagen AG

The Volkswagen Supervisory Board consulted intensively on the current situation at its meeting today. There is absolutely no excuse for the manipulations which have deeply shocked Volkswagen. The company will leave no stone unturned in getting to the bottom of this, will call those responsible to account, and take the necessary actions.

The first consequences in this regard were agreed upon at today’s meeting:

1. The Supervisory Board has authorized the Chairman to mandate German and US lawyers to objectively investigate and fully clarify the manipulation of emissions data of diesel engines.

2. The Executive Committee of the Supervisory Board will be charged with coordinating and safeguarding all necessary steps to monitor clarification until such time as a proposed committee commences its work.

3. With the information currently available the Supervisory Board recommended the immediate suspension of some employees. This process is already underway.

4. Matthias Müller will lead the Volkswagen Group going forward as the new CEO of Volkswagen AG. He is what the company needs now. Matthias Müller is exactly the right man at the right time to make a fresh start and to drive clarification of the current crisis that has hit our company with decisiveness and to draw the right conclusions. We expressly value his critical and constructive approach.

5. The Supervisory Board resolved to propose to the Extraordinary Meeting of Shareholders on November 9, 2015 to elect Mr. Hans Dieter Pötsch as a member of the Supervisory Board. The Supervisory Board intends to subsequently elect him as its Chairman.

 

Berthold Huber, Deputy Chairman of the Supervisory Board, said: “The test manipulations are a moral and political disaster for Volkswagen. The unlawful behavior of engineers and technicians involved in engine development shocked Volkswagen just as much as it shocked the public. We can only apologize and ask our customers, the public, the authorities and our investors to give us a chance to make amends.” The Supervisory Board today commissioned an American law firm to assist in further clarification and in preparing the necessary steps.

The Supervisory Board of Volkswagen AG transferred responsibility for Finance and Controlling at Group level in the Board of Management to Dipl. Wirtsch.-Ing. Hans Dieter Pötsch with effect from September 5, 2003.

L’Article https://www.responsible-investor.com/home/article/analysis_vws_gov_failures/

 

(2)

Le trucage pratiqué par VW aurait consisté, à ce que l’on nous dit, à programmer  au minimum l’intervention de son additif ADBlue  solution aqueuse d’urée synthétique dont 17 litres sont stockés dans la voiture pour réduire en azote et en eau  les oxydes d’azote (NOx) du gaz d’échappement : grâce à l’ajout d’un pot catalytique SCR (Selective Catalytic Reduction) couplé à un additif AdBlue,  dont le plein s’effectue tous les 30 000 kilomètres durant les opérations normales d’entretien, les voitures VW comme la Passat BlueTDI devenaient conformes à la norme anti-pollution européenne Euro VI de 2014. Le problème est que pour satisfaire la norme il faudra que les utilisateur remplissent ou fassent très régulièrement, tous les 1000 ou 5000 Km ? le réservoir d’additif situé dans le coffre de leur voiture…

 

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