Par communiqué de presse, SANOFI à faire connaître le 23 février 2015 les conditions de recrutement de son nouveau Directeur Général, Olivier Brandicourt.

Un cadeau de bienvenue, ou « Golden Hello »,  partiellement conditionnel et payé sur trois ans pour une valeur entendue par la presse de 4 millions d’Euro, estimée d’abord par Proxinvest à 6 millions, puis remonté à 15 millions en tenant compte de la valeur estimée des dix ans de cotisations offertes pour une généreuse retraite chapeau, soit 9 millions,  tout ceci attaché à la signature de ce contrat qui attache l’ancien membre du directoire de BAYER et patron de sa division pharmaceutique à SANOFI.  La société communique par ailleurs les généreuses conditions de rémunérations convenues avec son Directeur Général : un fixe de 1,2 million d’euros, un salaire variable pouvant atteindre 250% du fixe , plus l’attribution annuelle de 220.000 options de souscription d’actions et de 45 000 actions de performance : une espérance, selon Proxinvest d’environ 6 millions d’Euros par an au regard des conditions de performance, plutôt favorables, généralement utilisées par la société (1). …

Pierre-Henri Leroy le dit sur BFM Business,  Olivier Brandicourt est le patron idéal pour SANOFI, médecin, biologiste de formation, Olivier Brandicourt, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, interne huit ans à la Pitié-Salpetrière à Paris, il avait rejoint en 1988 le laboratoire américain Parke Davis, racheté plus tard par Pfizer, puis chez Bayer en 2013 pour lequel il rachète une division de Merck et le laboratoire d’oncologie Algeta… En bref, une expérience unique, le poste n’attendait que cet homme.

 Ce qui n’est pas dit clairement dans le communiqué de Sanofi est que le« Golden Hello » offert, nous dit-on, à Olivier Brandicourt, est en totalité ou pour partie offert à Bayer en dédommagement de la clause de non concurrence violée par Olivier Brandicourt. Car il s’agit bien de cela : le contrat de cet « excellent homme » lui interdisait d’aller rejoindre un concurrent, et il a donc dû avec l’aide de Sanofi transiger sur une indemnité de rupture versée par lui ou directement de Sanofi  à Bayer… pourquoi pas quatre à quinze millions d’Euros ?

A moins que… pire, un paiement non communiqué en sus des avantages offerts au nouvel entrant aurait été fait directement de Sanofi à Bayer ?  Proxinvest, qui s’est entretenu avec le Président du conseil Serge Weinberg devenu PDG à titre transitoire depuis le limogeage par le conseil, à la fin octobre 2014, de Christopher Viehbacher, pense qu’il serait plus sage d’expliquer cette mécanique de Mercato plutôt que de laisser entendre qu’Olivier Brandicourt touchera six à quinze millions sans avoir travaillé un jour pour Sanofi.

 Cette affaire est, pour Proxinvest, remarquablement illustrative des dérives du capitalisme concentrationnaire actuel : les grands groupes pharmaceutiques, partout dans le monde versent des salaires mirobolants et pratiquent un Mercato parfaitement comparable aux échanges des stars du football ou du basket-ball. Le secteur, très complexe, connaît aussi des marges généreuses et paie très cher, trop cher ses dirigeants comme ses cadres.

Le vrai problème plus vaste à l’origine de ces rémunérations indécentes au sommet se situe pour Proxinvest dans le choix des administrateurs et dans la complaisance du système financier dans son ensemble pour les « intendants des domaines », dirigeants salariés, trop adulés par nos banque universelles anormalement présentes dans la gestion des portefeuilles et donc le choix des administrateurs. Une  affaire compliquée qui relève d’une réforme difficile mais possible du système financier en Europe…

 En attendant un tel « grand soir », Proxinvest  devra donc recommander aux investisseurs de s’opposer lors du vote consultatif de la rémunération d’Olivier Brandicourt, qui est tout simplement excessive, notamment au regard du plafond de rémunération de 240 smic (4,8 millions d’Euros) reconnu par Proxinvest pour les meilleurs grand patrons employés non actionnaires.

PARIS le 24 février 2015/ revu le 3 mars 2015

(1) Sanofi  applique les critères de performances financières  suivants : (i) le Résultat Net pour chacun des exercices, puis le   Résultat Net Moyen, (ii) le   ROA, (iii) leTSR ou « création de valeur »  et (iv)   la moyenne pondérée du Taux de Performance Résultat Net Moyen, du Taux de Performance ROA et du Taux de Performance TSR pour la Période. Mais pour son Directeur Général en 2014 les objectifs quantitatifs représentaient 77,5 % et les objectifs qualitatifs 22,5 %…

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