Ce 6 novembre 2014 se tenait l’assemblée générale annuelle de Pernod Ricard qui fut occasion pour les actionnaires d’envoyer un message fort au conseil d’administration en rejetant la résolution 14 autorisant l’attribution de stock-options aux dirigeants : ces attributions de stock-options aux dirigeants doivent devenir caduques en cas de sous-performance par rapport aux concurrents.

En effet la résolution précisait que l’exercice des options est conditionné à l’atteinte d’une ou plusieurs conditions de performance appréciée sur une période minimale de 3 années (conformément à la politique de vote de Proxinvest). Il est par ailleurs envisagé de soumettre l’exercice des options à la condition de performance décrite ci-dessous en note annexe.

Proxinvest notait alors dans sa Lettre Conseil que » la durée des critères de performance est acceptable et il est appréciable que, conformément à ce que préconisait Proxinvest en 2012 lors de la dernière résolution sur ce sujet, la société se compare dorénavant à son secteur d’activité et non plus à l’indice CAC 40. Cependant, il est regrettable que des options puissent être exercées même si la société sous-performe l’indice de son secteur d’activité. Par conséquent, nous ne pouvons approuver la résolution. »

La résolution n’obtenait que 63,97% des voix soit moins des deux-tiers requis pour les résolutions de type extraordinaires. Tout avait pourtant été fait pour protéger l’attribution de stock-options au Président de l’AFEP, Pierre Pringuet, et au futur Directeur Général membre de la famille Ricard (Alexandre Ricard) : en effet le groupe Pernod Ricard surpondère  le poids le jour de l’AG de la famille Ricard grâce à un système peu démocratique appelé « mécanisme du droit de vote double » dont les conditions draconiennes d’attribution ne bénéficient presque qu’à la famille (enregistrement au nominatif alors que les actionnaires supportent des contraintes administratives et des frais bancaires exorbitants pour le faire, blocage pendant un minimum de dix ans). Avec seulement 13,14% du capital, la famille représente 25% des voix participantes à l’AG. Malgré cela, la vague de mécontentement fut trop forte chez les minoritaires et le conseil d’administration n’a plus qu’à revoir sa copie.

Doit-on reprocher au Président de l’AFEP, Pierre Pringuet, de ne pas respecter le propre code de gouvernement d’entreprise de l’association des grandes entreprises privées qu’il préside? 

Absolument pas puisque le code AFEP-MEDEF dans son paragraphe 23.2.4 mentionne bien que « Les attributions d’options et d’actions aux dirigeants mandataires sociaux doivent prévoir des conditions de performance » mais le code AFEP-MEDEF a malencontreusement oublié de préciser que ces conditions de performance devaient être exigeantes et ne pas rémunérer les situations de sous-performance. Nos grands dirigeants sont parfois distraits…

 

Annexe relative à la description de la condition de performance :
Lors du dernier plan datant de novembre 2013, un critère de comparaison externe a été retenu consistant en la comparaison de la performance globale du titre Pernod Ricard (TSR) par rapport à la performance globale de l’indice Food & Beverage Eurostoxx 600 sur une période de trois ans suivant l’attribution du plan (du 6 novembre 2013 au 6 novembre 2016 inclus). Le nombre de stock-options qui pourront être exercées sera déterminé à l’issue de cette période en fonction de la performance comparée des deux indices par application d’une formule de progression linéaire. Si la performance globale du titre Pernod Ricard est supérieure ou égale à la performance globale de l’Indice + 10 pt : 100 % des options pourront être exercées, si la performance globale du titre Pernod Ricard est inférieure ou égale à la performance globale de l’Indice – 15 pt : aucune option ne pourra être exercée, et si la performance globale du titre Pernod Ricard est comprise entre – 15 pt et + 10 pt en comparaison avec la performance globale de l’Indice : le nombre d’options qui pourront être exercées sera déterminé par application du pourcentage de progression linéaire entre 0 et 100 %.
Print Friendly, PDF & Email