Publication du vingtième rapport de Proxinvest « La Rémunération des Dirigeants des sociétés du SBF 120 »

Paris, le 6 novembre 2019

  • Un exercice 2018 contrasté pour la rémunération des dirigeants : modération dans le SBF 120 et dérapage dans le CAC 40

Le rapport de Proxinvest sur la rémunération des dirigeants en 2018 observe une baisse de 4% de la rémunération totale moyenne des Présidents exécutifs du SBF 120 ; elle atteint 3,6 M€ en 2018.

Cette modération bienvenue ne se retrouve pas au sein du sous-échantillon des très grandes entreprises françaises. La rémunération totale moyenne des Présidents exécutifs du CAC 40 augmente de 12% en 2018 (+6% à échantillon constant) et atteint 5,8 M€, un nouveau record depuis la crise de 2008.

Pour mémoire, le rapport Proxinvest valorise l’ensemble des formes de rémunération des dirigeants attribué au titre de l’exercice 2018 (fixe, bonus annuel, jetons, avantages en nature, stock-options et actions gratuites de performance valorisées à leur date d’attribution, intéressement en numéraire et autres formes indirectes de rémunération).

Alors que les rémunérations fixes baissent de 2% dans le SBF 80, la hausse de 3% observée pour les rémunérations fixes du CAC 40, supérieure à l’inflation, est jugée trop rapide. Proxinvest constate par ailleurs dans les packages de rémunération la quasi-disparition des stock-options (2% du total) et la prépondérance des actions gratuites (34% du total), ces dernières ayant la vertu d’être généralement assujetties à des conditions de performance de moyen-long terme mais l’inconvénient d’être parfois attribuées dans des volumes incontrôlés.

Cette année encore, l’étude de Proxinvest conclue à une absence de justification de l’ampleur des hausses de rémunération au sein du CAC 40,tant sur le plan de la performance actionnariale que sur le plan de la cohésion sociale. En effet, en 2018 Proxinvest observe une baisse de 6,2% des bénéfices nets cumulés au sein du CAC 40 à échantillon constant et une baisse de 8% de l’indice CAC 40 Dividendes réinvestis) en 2018. Alors que la Loi PACTE obligera les sociétés à communiquer sur les écarts d’évolution vis-à-vis des salariés (« ratio d’équité »), Proxinvest constate que la hausse des rémunérations des dirigeants du CAC 40 est trois fois plus rapide que celle des salariés, tant en 2018 que sur la période 2014-2018.

  • Les dérives observées sur une poignée de dirigeants en tête du classement explique la hausse élevée de la rémunération moyenne des Présidents exécutifs du CAC 40

La rémunération moyenne de 5,8 M€ pour les Présidents exécutifs du CAC 40 n’avait pas été atteinte depuis 2003 et excède de nouveau, pour la deuxième année consécutive, la rémunération maximale socialement acceptable définie à 240 SMIC par Proxinvest (5 M€). Paradoxalement, cette rémunération plafond souhaitée par Proxinvest n’est plus dépassée en 2018 que par 22 Présidents exécutifs du SBF 120 (dont 16 du CAC 40) contre 29 en 2017 (dont 19 du CAC 40). De même, la médiane des rémunérations au sein du CAC 40 baisse de 12% à 4,1 M€, signe que la dérive provient surtout d’une poignée de cas de dirigeants parmi les plus rémunérés.

Le Directeur Général de Dassault Systèmes, Bernard Charlès garde la tête du classement avec une rémunération totale de 33,1 M€ en hausse de 34,6% selon Proxinvest (22,9 M€ selon la société), grâce à une très généreuse attribution gratuite d’actions de performance dont la valorisation a été retraitée par Proxinvest.

Deuxième du classement, François-Henri Pinault, Président-Directeur Général de Kering, dont la prime exceptionnelle attribuée sous forme d’unités de performance sans condition de performance d’une valeur de 5,81 M€, ainsi qu’une convention d’assistance conclue avec sa holding Artémis d’un montant de 5,08 M€, font grimper le coût total à 17,3 M€ (+75,7%) selon Proxinvest (12,2 M€ selon la société).

Troisième du podium, Carlos Ghosn, ex Président-Directeur Général de Renault et ex Président de Nissan avec 14,3 M€ (+12,1%). Chez Renault, Carlos Ghosn n’a perçu aucune rémunération variable au titre de l’exercice 2018 suite au rejet de la résolution par l’assemblée générale en juin 2019 (sur recommandation du conseil) et il se sera vu privé d’actions gratuites et de retraite.  Chez Nissan, le coût communiqué au titre de l’exercice clos le 31 mars 2019 s’élève à 13,3 M€. L’affaire Ghosn aura permis de comprendre que Carlos Ghosn avait tous pouvoirs pour fixer seul sa rémunération chez Nissan et aura donc pu unilatéralement décider de cette augmentation de sa rémunération fixe. L’affaire témoigne aussi d’un manque de transparence vis-à-vis des actionnaires et de capacité de contrôle sur les avantages indirects perçus par les parties liées.

Douglas Pferdehirt, désormais Président-Directeur Général de TechnipFMC, arrive en quatrième place du classement avec une rémunération totale qui s’élève à 11,7 M€ (+10,7%) alors que la société affiche des pertes nettes de 1,7 Mds€, mais également une baisse de 16% de son chiffre d’affaires, une  baisse de son cours de 61% depuis la fusion, et un contexte social très dégradé. Il s’est de nouveau vu attribuer des instruments de rémunération (options et actions gratuites) assortis d’aucune condition de performance, mauvaise pratique usuelle aux Etats-Unis mais non conforme au code AFEP-MEDEF.

Jean-Paul Agon,Président-Directeur Général de L’Oréal, occupe la cinquième place du classement avec 9,5 M€, une rémunération en léger recul de -0,5%. Celui-ciprésente toujours la rémunération fixe (2,2 M€) ainsi que la rente attendue de retraite (1,57 M€) les plus élevées du CAC 40.

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Pour toute question sur le rapport :

Secrétariat Proxinvest : 01.45.51.50.43 – secretariat@proxinvest.fr

Jehanne Leroy, Responsable de l’étude – jleroy@proxinvest.fr

Loïc Dessaint, Directeur Général – ldessaint@proxinvest.fr

Proxinvest est une société de conseil de vote aux investisseurs spécialisée sur les questions d’assemblées générales, de gouvernement d’entreprise et d’engagement actionnarial.

Le rapport de PROXINVEST (350 pages) peut être commandé et sera disponible à partir du 13 novembre auprès de la Librairie du délit (ex LDEL/JUSTICIA ) : http://proxinvest.ldel.fr/ ou 01 48 56 89 89 ou librairie.justicia@gmail.com).

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