Lafarge et Holcim ont annoncé en 2014 leur intention de fusionner pour donner naissance au premier Groupe cimentier mondial par sa taille industrielle (390 Mt) et sa valeur en bourse (35 MM€). Chez Lafarge, c’est bien la trahison des petits porteurs et l’absence de vision autonome corrélative n’aura laissé que le sauvetage  par la taille critique à tout prix avec cette opération  soutenue par les trois actionnaires de référence. Ces derniers Thomas Schmidheiny (20% d’Holcim), le Albert Frère (21,1% de Lafarge) et Nassef Sawiris (14% de Lafarge) soutenaient l’opération initiale dans un « undertaking agreement » commun.  La Lettre Conseil sera disponible  on line sur notre Proxinvest  Shop.

Cette opération, initialement « fusion entre égaux » , couvrait aussi le coût et le risque d’une opération malheureuse de Bruno Lafont, l’acquisition d’Orascom Cement, annoncée en décembre 2007, ceci  face à la plus heureuse surexposition d’Holcim en Inde… … Il y peu de synergies sinon celle de la taille,  les premiers coûts mis en cause sont ceux de la direction, d’où la bataille pour les postes de management entre Français et Suisses.

Au passage les petits porteurs français devront peut-être renoncer à cette belle valeur française,  les actions Lafarge se faisant éjectées du PEA et leur traitement fiscal d’actionnaire de long terme s’envoler. Ne parlons pas encore du bénéfice du dividende majoré qui disparaîtra.

Mais la renégociation des conditions de fusion entre Lafarge et Holcim et la baisse de la parité de 10% aux dépens des actionnaires du groupe français est une illustration des déséquilibres du marché et révèle, au passage, l’impact pervers du droit de vote double sur la gestion de nos groupes.

Bruno Lafont, le PDG de Lafarge,  comme excellent manager international, avait hérité de Bertrand Collomb son prédécesseur les rênes d’une belle entreprise aux racines lyonnaises, un leader mondial du ciment. Il s’est retrouvé pris au piège par le jeu des protectionnismes soi disant bien inspirés. Les mesures statutaires recommandées alors par l’AFEP,  comme les limitation de droit de vote, le bons Bretons et le droit de vote double auront fait perdre à ce groupe la religion du petit actionnaire et transformé son PDG, selon l’usage, en serviteur dévoué de deux gros actionnaires, Albert Frère et Nassef Sawiris … La vision autonome d’un groupe générateur d’un projet incarné et fondé sur la plus large communauté d’actionnaires s’est estompée.

Les partenaires suisses qui ses ont dit affectés par la morgue de nos dirigeants auront contesté le rôle de Bruno Lafont, qui initialement devait être de dirigeant exécutif du nouveau groupe:  un nouveau dirigeant exécutif sera choisi tandis que la présidence sera partagée…

La journaliste de Wansquare ne s’y est pas trompé en titrant vendredi matin à 8h16  : Lafarge/Holcim : le mauvais compromis,  « Les Suisses ont obtenu tout ce qu’ils voulaient. Le deal est loin d’être un accord entre égaux. » avant de se faire censurer à 10h 53 par son patron sous le titre dégoulinant de flatterie, « Bruno Lafont vainqueur à tous les étages » … Vous avez dit « presse indépendante » ?…

Le siège deviendra Suisse, la direction étant partagée et la parité désormais inégale, la question se poserait donc du juste prix qui est généralement demandé pour toute prise de contrôle.

On ne peut, cher Bruno Lafont servir deux mondes, celui de tous les actionnaires et celui des actionnaires d’influence, fussent ceux-ci ci aussi fréquentable que GBL !

Print Friendly, PDF & Email