Un exercice 2019 contrasté pour la rémunération des dirigeants : légère hausse dans le SBF 120 et baisse à 2 chiffres dans le CAC 40
Le rapport de Proxinvest sur la rémunération des dirigeants au titre de l’année 2019 observe une hausse de 2% de la rémunération totale moyenne des Présidents exécutifs du SBF 120; elle atteint 3,7 M€ en 2019, le troisième niveau le plus élevé historiquement.
Cette hausse ne se retrouve pas au sein du sous-échantillon des très grandes entreprises françaises. La rémunération totale moyenne des Présidents exécutifs du CAC 40 baisse de 10% en 2019 (-7,4% à échantillon constant) et atteint 5,2 M€.
Pour mémoire, le rapport Proxinvest valorise l’ensemble des formes de rémunération des dirigeants attribué au titre de l’exercice 2019 (fixe, bonus annuel, jetons, avantages en nature, stock-options et actions gratuites de performance valorisées à leur date d’attribution, intéressement en numéraire et autres formes indirectes de rémunération).
Des rémunérations variables annuelles sous pression
La hausse de 1,9% observée pour les rémunérations fixes du SBF 120, supérieure à l’inflation, est jugée trop rapide. Proxinvest confirme par ailleurs dans les packages de rémunération la quasi-disparition des stock-options (3% du total) et la prépondérance des actions gratuites (36% du total), généralement assujetties à des conditions de performance de moyen-long terme.
La baisse de 4,9% des rémunérations variables annuelles des dirigeants du SBF 120 au titre de l’exercice 2019 s’explique principalement par les efforts annoncés par onze dirigeants en période de crise du covid via des réductions partielles ou abandons totaux des bonus. A ceux-ci s’ajoutent trois cas exceptionnels d’absence de bonus annuel : Thierry Breton (Atos) suite à sa nomination comme Commissaire Européen, Leonardo del Vecchio (EssilorLuxxotica) suite à la découverte d’une fraude financière en Thaïlande et Olivier Brandicourt (ex-Sanofi) suite au rejet de sa rémunération par l’assemblée générale 2020.
Un classement plutôt inchangé
Le Directeur Général de Dassault Systèmes, Bernard Charlès, garde la tête du classement avec une rémunération totale de 24,7 M€ grâce à une très généreuse attribution gratuite d’actions de performance dont la valorisation n’a pas été retraitée par Proxinvest (suite au dialogue entre la société et Proxinvest, le niveau élevé d’exigence du critère a été vérifié).
Deuxième du classement, Douglas Pferdehirt, Président Directeur Général de TechnipFMC, avec une rémunération totale qui s’élève à 13,7 M€ (+17%) alors que la société affiche des pertes nettes de 2,5 Mds€, mais également une baisse de son cours de 42% depuis la fusion, et un contexte social très dégradé. Il s’est de nouveau vu attribuer des instruments de rémunération (options et actions gratuites) assortis d’aucune condition de performance, mauvaise pratique usuelle aux Etats-Unis mais non conforme au code AFEP-MEDEF.
Troisième du podium et seule entrée dans le top 5, Daniel Julien, Président Directeur Général de Teleperformance, avec 13,2 M€. Sa rémunération fixe (2,34 M€) est la plus élevée du CAC 40. Il a bénéficié en 2019 d’une attribution d’actions gratuites valorisées 8,5 M€ (malgré une baisse de 12% du nombre attribué en raison des votes exprimés lors de l’Assemblée Générale 2019) assorties de conditions de performance très bien détaillées par la société et exigeantes. Son « Ratio d’Equité » est de 88,12 selon la société, calculé sur la base de 41 personnes alors que le groupe comprend 291 265 salariés ; selon Proxinvest, sur la base des comptes consolidés, il est de 1 128, le plus élevé du CAC 40.
François-Henri Pinault, Président Directeur Général de Kering, atteint la quatrième place du classement avec 11,1 M€ selon Proxinvest (5,4 M€ selon la société). Proxinvest prend en compte la convention d’assistance conclue avec sa holding Artémis d’un montant de 5,7 M€.
Jean-Paul Agon, Président Directeur Général de L’Oréal, occupe la cinquième place du classement avec 9,8 M€, une rémunération en hausse de 3%. Celui-ci présente désormais la 2e rémunération fixe (2,2 M€) la plus élevée du CAC 40. La rente attendue de retraite (1,6 M€) est la plus élevée du CAC 40.
Chez Rubis, le dividende statutaire des associés commandités s’établit cette année à 22,36 M€ et illustre le besoin de changement réclamé par Proxinvest depuis quelques années. Le dialogue s’avère concluant puisque Proxinvest constate avec satisfaction la convocation d’une assemblée générale extraordinaire chargée d’introduire dans les statuts un « high-water mark » qui permettra plus de modération et un meilleur alignement avec l’intérêt des actionnaires de long terme.