BES  qui a reporté ad nutum son assemblée générale à la demande de ses deux premiers actionnaires ESFG et Crédit Agricole, suite à la mise sous contrôle judiciaire de deux entités luxembourgeoises du groupe ESFG et Rio Forte, sera finalement sauvée par le soutien des Européen au système bancaire médiocre du Portugal .

Les déboires de la seconde banque portugaise cotée Banco Espirito Santo (BES), dont le Crédit Agricole est avec trois postes d’administrateur et 15% du capital le second actionnaire,  sont dignes de Madoff. Ils sont, après l’amende américaine de BNP Paribas, parfaitement révélateurs des perversions auxquelles mène le modèle de banque universelle tant loué par le lobby bancaire et notre Inspection des Finances.

La solution trouvée, la recette du sauvetage Crédit Lyonnais n’est guère rassurante : le plan de sauvetage  prévoit que la banque soit scindée entre emprunts toxiques, une « Bad Bank » et les actifs sains ; ces derniers prendront le nouveau nom de « Novo Banco »,  et le  gouvernement injectera alors Novo Banco 4,4 milliards d’euros piochés dans l’enveloppe de 12 milliards d’euros fournis au Portugal par la Troïka pour les banques… Autrement dit,  actionnaires puis contribuables paieront encore les erreurs coupables de dirigeants de banque incompétents complaisants et certainement mal « gouvernés ».

Le cours de BES sera passé en huit ans de 15 Euro à cinquante centimes mais les clients d’ECGS étaient prévenus. Depuis plusieurs années notre analyste ECGS des valeurs portugaise critiquait la gouvernance familiale incroyable et l’autocontrôle suspect du groupe BES, qui a l’instar des groupes bancaires espagnols, conservait un conseil d’administration dominé par les intérêts familiaux des premiers actionnaires, la famille Espirito Santo propriétaire de 25% de BES, 20% désormais suite à une cession d’urgence, via Espirito Santo Financial Group (ESFG) elle-même détenue à 49% Espirito Santo International (ESI ). Pour maintenir le contrôle familial par l’autocontrôle indirect après avoir surchargé ses holdings de papier maison et de milliards de dette angolaise, c’est bien la confusion des métiers de gestion pour compte de tiers et de banque commerciale cotée qui a permis à ce groupe de « bourrer » ses comptes et les portefeuilles de ses clients à hauteur d’un milliard d’euros d’actions et obligations désormais pourries.

Il s’agit bien là d’un acte délictuel celui qui qui consiste à faire passer avant l’intérêt et la protection des clients les objectifs confus d’un groupe multi-métiers protégé par l’Etat et qui paye si bien. Cette année ECGS avait recommandé à ses clients de voter contre le rapport de gestion, mais la complaisance de la plupart des actionnaires internationaux et celle des régulateurs bancaires aura permis au groupe BES de s’enfoncer dans le piège mortel de l’auto-détention, puis dans l’escroquerie pure et simple de ses clients gérés.

Rappelons que Portugal Telecom actionnaire à 2% de BES et elle-même détenue à 10% par BES a souscrit en juin pour € 897 millions d’obligations de la filiale de Spirito Santo à Luxembourg, Rioforte. Brazil’s Oi n’ayant pas été informé de cet investissement catastrophique, il est probable que les termes de la fusion Brazil Oil-PT seront revus à la baisse pour les actionnaires de PT. Le type même de désastre national que permet ce capitalisme complaisant qu’entretient la banque universelle en Europe du Sud, sous l’exemple français.

Cette affaire est donc un coup de semonce pour nos marchés et nos actionnaires quant aux abus du rachat de titres dont les conséquences peuvent parfois ruiner un groupe.

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